Depuis l’ère numérique et l’arrivée du big data à partir des années 2000, le Machine Learning n’a cessé d’évoluer et ainsi de se perfectionner via des algorithmes de plus en plus précis. Les modes d’utilisation du numérique ayant évolués, nous assistons sans même nous en rendre compte à une véritable mutation des pratiques quotidiennes que ce soit en termes de recherches Internet, pour utiliser son mobile, ou bien encore, afin de régulariser de simples formalités.
La reconnaissance faciale
Succédant à la reconnaissance par empreinte digitale, les derniers smartphones sont désormais équipés d’un système de reconnaissance faciale avancé ayant le pouvoir de cartographier le visage et ainsi de permettre le déverrouillage de l’appareil. Pour cela, de nombreux paramètres sont pris en compte tels que la forme du visage, la forme des yeux, leur écartement ou encore la distance entre la bouche et le menton … Alors que Samsung utilise un système de capteur d’iris sur son Galaxy S8, Apple, lui, garantit un déverrouillage même dans le noir avec le Apple X. Bien évidemment, il subsiste encore quelques faiblesses en termes de fiabilité. Ceci dit, ce n’est qu’une question de temps et d’avancée technologique. A titre de comparaison, si l’on confronte les premiers smartphones sortis à ceux d’aujourd’hui, nul doute à ce que l’ergonomie et la puissance du processeur soient comparables.
Déjà en phase d’expérimentation, la reconnaissance faciale tend à être utilisée de façon récurrente dans les gares et les aéroports. Aussi, Ingenico, leader français des terminaux de paiement, innove. De ce fait, tout laisse à penser que nous pourrons d’ici peu, être amenés à régler nos achats via une simple présentation de notre visage au niveau de la caméra dont sera équipé le terminal de paiement.
La grande distribution également s’y met avec notamment, des caméras biométriques installées dans les rayons permettant de capter les expressions du visage des consommateurs. De cette façon, une fois retranscrites via des algorithmes spécifiques, le ressenti des individus au cas par cas vis-à-vis d’un produit en particulier pourra être connu. Il sera alors plus simple d’améliorer par exemple le packaging ou encore l’organisation du facing d’un rayon afin de le rendre plus attractif et ainsi, déclencher un acte d’achat. Si cette pratique n’est pas encore d’actualité en France, elle l’est déjà aux Etats-Unis avec notamment, Wallmart ainsi qu’en Chine avec Carrefour.
La reconnaissance vocale
Deuxième créneau majeur en termes de systèmes de reconnaissance, la reconnaissance vocale qui séduirait plus de la moitié de la population nationale selon une étude de l’OMD (OmnicomMediaGroup). Bien que les deux technologies pourraient se combiner, elles n’en sont pas moins, pour l’heure, complètement indépendantes. En effet, là où la reconnaissance faciale requiert une caméra, niveau vocal, c’est d’un micro dont il faut s’équiper.
Dès lors, impossible donc de ne pas mentionner le dernier joujou de chez Amazon, Alexa ou encore, le bien connu, Google Home.
Ces assistants vocaux permettent principalement d’améliorer la routine quotidienne de ces utilisateurs. En effet, outre le fait d’énoncer une recherche oralement, de nombreuses fonctionnalités existent, telles que le fait de pouvoir lancer ses playlists audios, de contacter une personne de son répertoire, d’effectuer une réservation en ligne, d’ajouter un événement à son agenda, de consulter la météo et bien plus encore … Cependant, malgré le fait que ces fonctionnalités se veulent être pratiques, elles n’en restent pas moins quelques peu basiques voire « limitées » et surtout, connues de par les quelques années d’existence de l’assistant Google sur smartphone. Bien qu’il existe la possibilité de les augmenter via des applications externes à télécharger (skills), la véritable avancée de ces outils est sans doute l’assistance domotique.
En effet, il est désormais possible de demander à Google ou bien Amazon de programmer et de réguler la température, la luminosité ou encore la sécurité de son intérieur.
De quoi faciliter grandement le quotidien. Chose paradoxale puisque quelque part, l’Homme redouble d’efforts, pour par la suite, en faire le moins possible.
Les répercussions de l’IA
Chose à penser, bien évidemment, que ce n’est sans doute aucunement anodin. Bien que le sujet soit extrêmement controversé et la réalité des choses, quelque peu terrée, de telles technologies ne peuvent se limiter simplement à apporter aux consommateurs, la réciprocité étant quelque part incontournable.
Pour information, Amazon et Google auraient déposé des brevets démontrant comment leurs assistants vocaux pouvaient se montrer intrusifs envers leurs propriétaires. En effet, ils seraient à même d’écouter des conversations, cela sans aucune sollicitation ou demande de l’utilisateur. Idem également concernant le quotidien avec un recueil d’informations concernant le temps de présence devant les écrans, les heures de repas, les temps d’hygiène, les goûts, les préférences …
En ce sens, on ne parle alors non plus de Machine Learning mais bien de Deep Learning. Ce qui signifie que les systèmes de reconnaissance apprennent désormais de leurs utilisateurs et sont capables de s’adapter à leurs habitudes de consommation.
Il s’agit ici d’un véritable tournant en matière d’innovation et la course à la technologie ne semble pas prête à s’arrêter. En effet, l’Etat compte consacrer 1,5 milliards d’Euros au développement de l’Intelligence Artificielle (AI) d’ici à 2022.
Cela dans un souci de compétitivité car l’innovation amène à la création d’emplois. Création certes destructrice mais qui croit impétueusement de manière qualitative. Aussi, nous ne pouvons qu’évoquer indéniablement un certain confort de vie, sans parler d’un système de sécurité renforcé au niveau des autorités.
Outre ces avantages, nous ne pouvons ignorer la question de l’individu. En effet, il s’agit ici d’un véritable dilemme entre science-fiction et rationalité.
La CNIL, acteur majeur dans la protection du droit des personnes et des données à caractère personnel, a ainsi durcit ses conditions.
Entré en vigueur le 25 Mai dernier, le Règlement Général pour la Protection des Données (RGPD) interdit désormais de collecter des informations personnelles or consentement de la part de l’utilisateur.
Bien qu’elle rassure, cette loi serait habilement détournée de la part des géants du numérique.
Constat préoccupant établi selon une étude IFOP révélant que près de 80% des Français affirment être préoccupés quant à l’usage de données collectées à leur égard.
Une question se pose alors ; sommes-nous capables de pousser l’innovation à la limite du raisonnable ? Jusqu’où l’Intelligence Artificielle (AI) est-elle capable d’aller ?
Affaire à suivre.
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Sources :
https://www.morpho.com/fr/reconnaissance-faciale
https://www.01net.com/actualites/iphone-x-oneplus-5t-galaxy-s8-le-match-de-la-reconnaissance-faciale-1316446.html
https://www.numerama.com/tech/291313-la-fin-du-code-de-carte-bleue-la-reconnaissance-faciale-sinvite-sur-les-terminaux-de-paiement.html
https://siecledigital.fr/2017/07/24/walmart-va-utiliser-la-reconnaissance-faciale-pour-savoir-si-les-clients-sont-satisfaits/
https://comarketing-news.fr/les-francais-et-leur-mobile-tous-les-chiffres-a-connaitre-en-2018/
https://www.youtube.com/watch?v=x5HJYniCK0A
https://www.pic.digital/blog/457-google-amazon-donnees-vie-privee
http://www.consumerwatchdog.org/sites/default/files/2017-12/Digital%20Assistants%20and%20Privacy.pdf
https://www.huffingtonpost.fr/2018/03/29/macron-veut-investir-autant-dans-lia-que-dans-ladaptation-au-rechauffement-climatique-dici-2022_a_23398501/?utm_hp_ref=fr-intelligence-artificielle
https://www.cnil.fr/fr/comprendre-le-rgpd
https://www.ifop.com/publication/le-regard-des-francais-sur-la-protection-des-donnees/